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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 11:31

tisserands_moyen-age.JPGMalgré que le travail en 1978 d’une importante équipe américaine de scientifiques écartait toute œuvre de faussaire, l’opinion publique s’est laissée abusée dix ans après, en juillet 1988, par la publication des résultats de l’analyse au carbone 14 d’un échantillon du linceul en question : c’était de nouveau un « faux » datant du Moyen âge ! Voilà que maintenant on nous dit – scientifiquement parlant avec démonstration - que cet échantillon n’était pas valable car provenant du re-tissage d’une bordure du linceul d'où avaient été prélevées des reliques.

 

tisserands au Moyen âge européen


Merci à la télévision, car l’opinion publique s’en tient encore aux résultats de l’analyse de 1988 au carbone 14 et que les Eglises chrétiennes ont abdiqué toute prétention en la matière par lâcheté, par manque de conviction, ou bien pour se replier sur la foi qui est le domaine qu’elle gère sans partage ... Par deux fois depuis cette fameuse datation de 1988, la télévision a osé dire tout haut ce qui se disait tout bas dans des milieux très spécialisée.

 

Une première fois, le 16 juin 2009, TV5 Monde dans son émission « Question à la Une » signalait que les historiens certifiaient l’existence du linceul avant la datation donnée (1260-1390), notamment avec l’étude d’une enluminure du codex hongrois De Pray (1192-1195) (nous en avons aussitôt rendu compte dans un article  dans les Etudes unitariennes : "Lorsque les historiens défendent le Suaire de Turin").

 

Et puis pour la Pâque 2010, Arte, ce samedi 3 avril à 20h 40, a fait l’honneur aux chrétiens d’aborder de nouveau le sujet : « Le Suaire de Turin : la nouvelle enquête » (un film réalisé par Michael Epstein). Voir notre article de ce jour dans les Etudes unitariennes (lien ) "Le linceul de Turin enfin en voie d'authentification par la communauté scientifique". Film déjà ancien car réalisé en 2008 (au Royaume uni), mais, vu le lynchage médiatique dont ce « Suaire » a fait l’objet, on ne peut pas demander non plus les buzz de l’actualité !


Des rediffusions toujours sur Arte sont prévues durant ce mois : les mercredi 7 avril à 10h 05, samedi 10 avril à 10h 55 et dimanche 11 avril à 5h 15. Pour revoir l'émission sur le site d'ARTE (lien)

 

La question n’est pas de croire ou ne pas croire, mais de savoir. C’est en effet à partir de la connaissance scientifique que la religion peut réfléchir sur des faits, mais faut-il encore que la science soit rigoureuse. Alors que le technicien a confiance dans les résultats obtenus par une méthode particulière, le savant, quant à lui, sait qu’une hypothèse, pour être valable, doit tenir compte de tout le savoir accumulé jusqu’à présent.


Disons le carrément, une bonne partie de la communauté scientifique, sans doute trop techniciste, a fait preuve de conclusion tout à fait hâtive, se limitant à une datation par carbone 14 sans avoir une vue d’ensemble de la question. Le carbone 14 s’est prononcé infailliblement pour un échantillon et non pour l’ensemble du linceul ! Une machine ne rend compte que de ce qu’on entre dedans. L’extrapolation de l’échantillon à l’ensemble de la pièce est une erreur de méthodologie car il n’y a eu aucune analyse sur la représentativité de l’échantillon. Même en sciences humaines (et je parle ici en tant que sociologue) on fait mieux !

 

Et puis, avec tout ce que l'on savait déjà sur ce linceul, il n'était plus possible de revenir en arrière, à la première hypothèse d'un faussaire. Il fallait être totalement ignorant du dossier pour le faire ... et bien des scientifiques bornés l'on fait !

 
Arroseurs arrosés ; pour une fois ce ne sont pas les croyants qui sont pris pour des naïfs et des imbéciles !


Et que dire des Eglises chrétiennes qui ont honte de parler du linceul de leur fondateur alors qu’elles s’empressent de célébrer une résurrection dont elles n’ont pourtant aucune preuve matérielle, ni aucun témoignage direct. Les témoignages dont il est question dans les évangiles sont en fait des déductions à partir du constat du tombeau vide et des textes messianiques ainsi que nous l’avons expliqué dans nos Etudes unitariennes à la rubrique "Le tombeau vide" (lien ).


Et si le vendredi saint (la mort de Jésus sur la croix) était finalement plus important (en tout cas plus assuré comme fait historique) que la résurrection supposée du jour de Pâque ? C’est ce que donne à penser la prédication pascale de la révérende Maria Pap, ministre du culte de l’Eglise unitarienne de Transylvanie et titulaire de la chaire de l’Eglise unitarienne francophone (EUfr) "Le saint malfaiteur" (lien ).


A l’honneur des unitariens, nous avons été plusieurs (Roger Sauter, Jean-Claude Barbier) à maintenir envers et contre tous notre intérêt pour le linceul de Turin ; la même chose d’ailleurs pour le tombeau de Talpiot (Pierre Bailleux, Jean-Claude Barbier) où là aussi des chercheurs se sont montrés plus qu’hâtifs dans leurs analyses (lien ).


Aujourd’hui, en plus de quelques très rares électrons libres comme Michel Benoît (lien ), seuls des unitariens sont capables de souhaiter qu’une religion rappelle les faits historiques tels quels sans extrapoler outre mesure, même si elle doit rendre compte aussi d’une tradition religieuse qui, elle, s’est amplifiée au fil des siècles. Pour l’instant, la mort de Jésus est un fait avéré, et la résurrection est une espérance – certains parlent d’une réalité spirituelle (sans se prononcer sur la base historique ou non ! ce qui s’appelle tourner autour du pot …).

 

Quand donc les chrétiens abandonneront-ils la langue de bois et regarderont-ils en face les réalités historiques ... Faut-il donc enchanter le monde ou le réenchanter pour être chrétien ?


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