Scott Kraft a accompagné le président de l’Unitarian Universalist Association (UUA) of Congrégations, le révérend William G. Sinkford, lors de sa visite aux communautés unitariennes du Kenya (dans le cadre d’une tournée de plusieurs pays d’Afrique noire : Afrique du Sud, Ouganda, Kenya et Nigeria), en novembre 2008.
La délégation américaine était composée aussi de Maria Sinkford (l’épouse du président de l’UUA), Eric Cherry et Paula Cole Jones. Photos et reportage de S. Kraft viennent d’être publiés dans la revue trimestrielle " UU World " dont la devise est " Liberal religion and life " / Religion et Vie (d’un point de vue) libéral ", ceci dans le numéro de l’été (Summer 2009, sorti le 15 mai 09), lien Nous en proposons un survol en français (traduction libre et non intégrale).
En pays kisii
Après l’accueil à Nairobi par un comité national avec des représentants des diverses communautés, la visite a commencé par celle des petites communautés dans le pays kisii. Le pays est peuplé de deux millions d’habitants, vivant pour la plupart en habitat dispersé, loin des routes goudronnées, dans des collines aménagées en bocage et pratiquant entre autres la théiculture.
Le révérend Patrice Magara, aidé par sa femme Alice, est fondateur de l’Eglise unitarienne en pays kisii, qui compte quelques 78 paroisses.
l'auteur du reportage, Scott Kraft, avec Patrick et Alice Magara, devant l'orphelinat "Sarah" et l'école secondaire gérés par l'Eglise unitarienne.
Les marchés de brousse, les écoles, les réunions en général, se tiennent souvent à l’ombre des acacias durant la saison sèche. Le téléphone portable s’avère très pratique pour les rendez-vous. Dans l’un de ces lieux, à Kiabugesi, Esther Biyaki, 18 ans, attendait les visiteurs avec près d’une centaine d’enfants pour entonner un chant " l’unitarisme fait écho à travers le monde ...". Joseph Nyangau, 45 ans, pasteur depuis 4 ans de cette petite communauté, était également là. Il est lui-même paysan et cultive le maïs et les tomates.
"Nous sommes comme une famille d'amour, de paix, d'unité et de la justice. Nous prenons la Bible littéralement, mais nous ne croyons qu’en un Dieu unique. D'autres parlent de trois dieux, mais nous parlons d'un Dieu unique. L’unitarisme ne nous apprend que Dieu ". Dans ses sermons, J. Nyangau lit un passage de l'Écriture et en donne l’explication ligne par ligne, mais il tient à souligner sa différence d’avec les néo-évangéliques : " Nous ne voulons pas être charismatiques. Nous essayons de leur apprendre à penser par eux-mêmes, de ne pas être excités par quelqu'un d'autre. Nous honorons les écrits de l’Ancien Testament et nous nous imaginons Jésus comme notre frère, et nous sommes tous des fils de Dieu ".
Jane Okenyuri, 35 ans dirige un orphelinat de quatorze enfants. Deux vaches ont été achetées grâce à un emprunt de 500 $. La vente du lait paie les dépenses. Jane a appartenu à une autre Eglise. Elle estime l’unitarisme " parce que j'ai estimé qu'il s'agissait d'une Eglise avec la liberté, une Eglise qui n'était pas toujours à lutter contre les gens. Nous avons constaté que les femmes unitariennes prennent la défense des autres femmes. Nous avons un problème au Kenya et nous sommes déterminés à changer un système où une femme enceinte doit porter des fagots de bois sur la tête, pousser une brouette, tandis que les hommes s'assoient. L’unitarisme enseigne que nos maris et nous sommes égaux. Pour les autres Eglises, nous devons obéir ".
L’acceptation de la polygamie coutumière est un atout pour l’unitarisme par rapport aux Eglises missionnaires. En plus, les unitariens luttent contre la violence domestique, l’exploitation des femmes, l’excision des fillettes.
Par contre, l’homosexualité * et la pratique de l’avortement sont encore perçus négativement, et souvent liés aux influences occidentales.
* à noter que l’Eglise unitarienne d’Ouganda, récemment lancée par Mark Kiyimba à Kampala, est ouverte aux homosexuels, bisexuels et transsexuels bien que la loi du pays interdit l’homosexualité. Elle dirige un orphelinat et une école pour plus de 200 enfants qui sont atteintes du sida ou qui ont perdu un ou leurs deux parents par cette maladie.