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14 juillet 2010 3 14 /07 /juillet /2010 19:25

Un colloque au Sénat le 25 juin 2010

Alors que les media parlent essentiellement de violence lorsqu'il s'agit du conflit israélo-palestinien, on ne connaît guère le mouvement de résistance populaire non-violent en Palestine, pourtant en plein essor.  Un colloque a eu lieu sur ce sujet le 25 juin au Sénat à Paris, organisé par l’association France Palestine Solidarité. Le texte publié ci-dessous est extrait du document de présentation de ce colloque. Un texte à connaitre et à faire connaître, car il montre comment la résistance des Palestiniens est en train de prendre un tournant qui ouvre de nouvelles perspectives d’une paix dans la justice, dans le contexte dramatique du conflit israëlo-palestinien. Régis Pluchet (Le Mans)

« Apparu en 2003 à Mash'a puis à Budrus, localités située au nord-ouest et à l'ouest de Ramallah, il a été popularisé à partir de 2005 grâce au dynamisme créatif et à l'ampleur de vue du comité populaire de Bil'in, où le tracé initial du mur conduisait à 60 % l'annexion des terres commencée bien antérieurement. En 2010, 19 comités de résistance populaire se coordonnent (ils étaient 3 en 2008, 11 en 2009) et Moustapha Barghouti, dirigeant d'un parti politique palestinien, a parlé lors de la dernière conférence internationale de Bil'in, d'actions de résistance hebdomadaires dans 45 endroits différents. 1 000 à 2 000 personnes participent chaque semaine à ces actions (chiffres de 2009). Les manifestations à Jérusalem contre la colonisation du quartier de Cheikh Jarrah ont réuni jusqu'à 3000 personnes. Plus de 5 000 personnes ont participé à une manifestation dans la ville de Beit Ummar (entre Hébron et Béthléem) en mars 2010.

En quoi consiste cette résistance ?


Les manifestations pacifiques constituent son mode d'action central. Elles ont lieu chaque semaine, le vendredi (à Bil'in, Ni'lin, Al Ma'sara, Jérusalem...), le samedi (à Beit Ummar...) ou le dimanche (à Beit Jala par exemple). Elles réunissent des Palestiniens (du village et venus d'autres villages), des Israéliens et des internationaux en proportion variable selon les lieux, cette tripartition étant une caractéristique essentielle du mouvement. Elles ont pour but en se rendant sur des terres menacées ou confisquées par le mur, l'extension des colonies, les exactions des colons, les routes de contournement, d'affirmer les droits des Palestiniens et l'illégalité de la colonisation et de l'occupation. Elles visent fréquemment à empêcher les destructions opérées par les bulldozers (arrachage d'oliviers centenaires, démolition de maisons...)

Les participants sont formés à prendre ces initiatives selon les principes de la non-violence active, à ne pas réagir violemment aux violences exercées par l'armée ou les colons. Face à la violence de l'armée, il arrive que des pierres soient jetées, le propre de cette résistance étant de ne pas avoir recours à des armes. La résistance populaire palestinienne est  une résistance non-armée. En certains lieux, la référence à la non-violence de Gandhi, de Martin Luther King est très affirmée et mise en œuvre (…) ».

La seule voie possible pour les Palestiniens dans la conjoncture actuelle


« (…) Si la résistance populaire, sous-estimée par les stratèges israéliens, se développe, elle peut mettre en échec cette politique pense Michel Warschawski, anticolonialiste israélien lucide. (…) Tout en rappelant la légitimité du recours à la résistance armée contre l'occupation, les militants palestiniens insistent sur le nécessaire bilan qu'il faut en faire après la deuxième intifada, après la guerre contre Gaza, dans le contexte international ouvert par le 11 septembre 2001. Le prix en morts, destructions, image est accablant. Jusqu'au Hamas qui aujourd'hui fait la chasse aux lanceurs de roquettes dans la bande de Gaza. La situation locale (le déséquilibre des forces) et internationale (lutte contre le terrorisme) disqualifient le recours à la résistance armée en Palestine.

C'est sur le constat de ce double d'échec que le développement actuel de la résistance populaire non-violente doit être envisagé, ceci avec ses racines dans la culture et l'histoire des Palestiniens, qu'il s'agisse de la première intifada ou des luttes contre le sionisme et le mandataire anglais dans les années 1930.

(…) Pour le gouvernement, la résistance non-violente, qui fait partie de la culture palestinienne permet à un maximum de Palestiniens de participer à la lutte pour la libération de la Palestine. L'Autorité favorise la coordination des nombreux comités autonomes qui se créent. Elle les soutient financièrement, notamment pour le paiement des cautions exigées pour la libération des personnes arrêtées. Cette aide, ce soutien sont proclamés publiquement. Des membres du gouvernement participent aux manifestations, à la plantation d'arbres... Le poids, l'avenir de la résistance populaire s'en trouvent profondément modifiés. Le Fatah a adopté à son dernier congrès (à l'automne 2009) la lutte non-violente contre l'occupation comme ligne stratégique. Le Hamas reconnaît aujourd'hui que cette forme de résistance s'impose dans la conjoncture.


Des militants des divers mouvements politiques palestiniens oeuvrent ensemble dans les comités populaires, lesquels sont soutenus par les municipalités, quelle que soit leur couleur politique »


Extrait du texte de Erik Laloy,  publié par l’association France Palestine Solidarité (AFPS).
On trouvera le texte complet sur le site de l’AFPS (lien)

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