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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 10:30

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Le mouvement OecuMenic a été lancé le 1er mai 2011 par Antoine Bordier * avec des références toutes catholiques : en hommage à Jean-Paul II béatifié le jour même (et que le fondateur dit avoir eu la chance de rencontrer en novembre 1992), et en mémoire aux moines de Tibhirine martyrisés en mai 1996, il y avait 15 ans. Il est non moins catholique dans son itinéraire 2012 : en juin avec la Communauté des artistes et des comédiens à l’occasion de la pièce de Michel Pascal sur sainte Thérèse (au théâtre des Mathurins le 29 juin) ; en juillet un pèlerinage des Pères de Famille en Ile-de-France ; en août, d’abord à Lourdes, à la veille du 15 août, pour assister au spectacle de Robert Hossein : « Une Femme nommée Marie ! », puis à Madrid pour une participation aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) avec une caravane « OecuMenic ».


antoine_bordier_1.jpg* Antoine Bordier, né en 1969 est d’origine antillaise (il est président d’honneur et fondateur des EDC-Antilles). Ancien journaliste, il a été reporter dans les pays de l’Est et a produit des émissions de radio. Il s’est engagé politiquement au sein du RPF puis de l’UMP. Il est présent sur Facebook avec à ce jour 509 amis qui témoignent entre autres de son ouverture œcuménique.


Du fait de son ambition oecuménique, le mouvement s’est adressé d’abord aux chrétiens (catholiques, orthodoxes, protestants), mais il s’est rapidement élargi aux juifs et aux musulmans et s’est alors placé tout naturellement sous la référence spirituelle d’Abraham (son premier site fut www.abrahamlink.com  lien), puis, en septembre, avant la rencontre d’Assise du 27 octobre pour le 25ème anniversaire de la première rencontre que Jean Paul II avait initiée, le mouvement s’est élargi à tous les croyants (bouddhistes, hindouistes), avec un nouveau site faisant précisément référence à cette dynamique d’Assise : www.assiselink.com ( lien). Il s’agit donc d’un « œcuménisme » inter religieux voulant réunir tous les croyants dans un même projet de revalorisation des valeurs *. Aujourd’hui, il souhaite devenir ni plus ni moins le « Facebook » des croyants avec un site www.oecumenic.com ( lien)
 

 

* « Assise, résume peut-être le mieux ce qu’est OecuMenic : un parvis virtuel, une plateforme virtuelle sur laquelle sont invités tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté qui souhaitent donner un Sens à leur vie et retrouver des Valeurs ! L’objectif reste le même : OEUVRER POUR LA PAIX ! » (A. Bordier).

Ce projet œcuménique a déjà reçu des échos de la part d'autres communautés croyantes concernées, puisque le bulletin de décembre 2011 mentionne des courriers reçus de Erwan de Langle, bouddhiste, responsable de l’accueil au Centre Karma Ling, et de Jean-Pierre Rive, président de la commission « Eglise et Société » de la Fédération protestante de France (FPF).
 

 

Le site Oecumenic affiche les symboles de diverses religions et rejoint ainsi, au niveau de l’iconographie, l’interfaith prôné depuis plusieurs décennies par la mouvance américaine unitarienne-universaliste ; voir notre rubrique sur cet interfaith (lien ).

 

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Par rapport à l'œcuménisme habituel, celui-ci se distingue par plusieurs nouveautés :


1° - son niveau d’action :  les élites religieuses, sociales et politiques sont sollicitées à leur plus haut niveau pour œuvrer à une revalorisation des valeurs dont nos sociétés contemporaines ont besoin : « nous souhaitons diffuser de l’éthique, de l’humanisme, des valeurs spirituelles et religieuses… Que l’Homme (homme et femme) retrouve la spiritualité qui est en lui ! ». C’est plutôt Assise, où les chefs spirituels sont invités, que Taizé (qui mobilise d’abord les jeunes Européens).


2° - sa compétence au niveau Internet : le site propose des articles, un forum thématique, un espace de relations sociales où celui qui est inscrit (l’inscription est gratuite) peut se faire des « amis » à la mode Facebook, etc. Par là, le mouvement espère avoir une base sociale d’Internautes (quelques centaines d’inscrits pour l’instant ; et près de dix mille visiteurs provenant de 82 pays ayant vu 50 000 pages).


Par ailleurs, en qualité de "partenaire-média", le fondateur fréquente les rencontres où sont débattues les questions de communication avec les outils Internet : en mai 2011 à Planète PME et à l’E-G8 Forum (invités par Publicis), début octobre aux Entretiens de Valpré (10ème anniversaire de ces rencontres initiées en 2002 par la congrégation des Augustins de l’Assomption qui soutient les activités éditrices du groupe Bayard ; ces entretiens annuels réunissent de nombreuses personnalités, tant religieuses que sociales, politiques et économiques ; les vidéos de plusieurs interventions sont disponibles sur le site www.oecumenic.com) ; enfin les Assises du Numérique organisées à l’université Paris-Dauphine le 30 novembre avec la participation de plusieurs ministres (que Antoine Bordier a pu interviewer, également en ligne sur www.oecumenic.com) et dont c'était la 4ème édition.


Bien introduit dans ces milieux et porteur d’un projet de qualité, le fondateur d’OecuMenic fait ainsi état de ses contacts avec les ténors du Mobile et du Web, et de nombreuses personnalités qui réfléchissent à l’évolution des médias. C’est d’ailleurs dans ces hautes sphères que l’on a pris conscience qu’il existe une importante carence des valeurs sur le Web *. Notons aussi les relations d’Antoine Bordier avec les milieux artistiques.


* Alors que de nombreux blogs et sites proclament un libéralisme extrême concernant les médias, au nom d’une liberté totale d’expression, les Actualités unitariennes, loin de ce laxisme du progressisme populiste (qu'il soit de Droite ou de Gauche), ont toujours prôné au contraire une éthique responsable et un respect des autres qui est le pendant nécessaire de cette liberté. Notre rubrique « La culture Internet » souligne notre préoccupation en ce domaine (lien).


3° - son engagement dans les débats de société : le dernier bulletin (celui de décembre 2011) rend hommage à Mohamed Bouazizi,  le jeune Tunisien dont l’immolation par le feu fut à l’origine des révoltes du printemps arabe ; il donne la parole à des entrepreneurs sur la situation économique en France et en Europe ; et rappelle la manifestation contre la pièce Golgota-Picnic jouée au Théâtre du Rond-Point, à Paris *.


* Se démarquant de Civitas, pour qui cette pièce était contre le Christ et les chrétiens – ce qui est parfaitement vrai puisque le Christ  est traité de « putain du Diable » et de « messie du sida », sans oublier les autres insultes faites aux chrétiens, OecuMenic participa avec le collectif « Foi et Culture » (animé par Frigide Barjot) à une autre manifestation qui consista à déposer des roses blanches devant le théâtre incriminé, et ceci au nom tout simplement du respect des autres : « et si on se respectait ? » (OecuMenic a réalisé le film de cette manifestation, intitulé « La Marche des Roses Blanches » et diffusé sur www.oecumenic.com et sur Youtube).


« La pièce de Rodrigo García interroge le monde et ses modèles, bouscule le cours de l’Histoire et de ses mythes. Toutes mesures dépassées, il fait du Messie et de ses acolytes une proie idéale. Machine de guerre lancée contre un monde d’hyper consommation bovine, Golgota picnic met en scène une crucifixion tragique et trash. L’artiste démontre avec toutes ses armes que l’iconographie chrétienne est pour lui l’image même de la « terreur et de la barbarie » (source : présentation de la pièce sur le site Internet du théâtre).


Rappelons que le Théâtre du Rond-Point à Paris est subventionné par l’Etat  à hauteur de 5 millions d’euros par an. Rappelons aussi que les pogroms vis-à-vis de diverses minorités religieuses de par le monde ont toujours été précédés par une littérature glauque et nauséabonde, irrationnelle, complaisamment permise par des pouvoirs publics laxistes, parfois même – dans certains pays – initiée par ces mêmes autorités.


Là aussi, c’est précisément sur cette valeur de respect d’autrui au sein d’une véritable démocratie laïque que les Actualités unitariennes avaient également dénoncé cette pièce de théâtre qui joue de la provocation gratuite et délirante sur le dos des chrétiens : « Golgota-picnic et pourquoi pas Auschwitz-picnic ? », 18 novembre 2011 (lien). 


Nous rappelons ici notre conclusion : « Sans un tel travail de redéfinition des valeurs, il y aura approfondissement de la crise morale et culturelle, voire anomie sociale, hétérogénéisation et mise en opposition des valeurs et finalement éclatement du lien sociétal, chacun faisant désormais ce qu’il lui plaît et se défendant comme il le peut avec des manifestations violentes, des recours aux avocats, ou autres actions en désespoir de cause. L'Etat protège-t-il encore ses citoyens ? ».


OecuMenic est-il un nouveau souffle pour l’œcuménisme ? De toute évidence, le site OecuMenic est là pour mobiliser des énergies et créer l’événement s’il le faut. Il fait partie des initiatives libres, en dehors des hiérarchies (bien que, dans ce cas, en bonnes relations avec elles). A voir si la mobilisation des Internautes croyants suivra … Les groupes thématiques de discussion (par exemple sur Yahoo ou Google), les forums, d’une façon générale les espaces relationnelles sur les questions religions n’ont présentement guère le vent en poupe et les initiatives ne sont pas relayées à la hauteur du dynamisme de leur promoteur. En tout cas, nous ne pouvons que saluer cette nouvelle veilleuse qui s’est allumée pour rappeler le sens des valeurs humaines et la fraternité universelle.


Source : Edition spéciale de la Newsletter mensuelle de décembre 2011 d'OecuMenic, envoyée le 31 décembre 2011 à la Correspondance unitarienne.

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 19:37

synagogue " porte ouverte " à Arcachon (Gironde, France), le 3 septembre 2006, ouverture de l'armoire contenant les rouleaux du Pacte d'alliance, cliché Jean-Claude Barbier.


Après la conversion par les évangélisateurs et les missionnaires, qui fut naguère parfois / souvent forcée, les dévots appellent leur propre Dieu à la rescousse pour convertir, in extrémis, les têtus, les teigneux, les récalcitrants, les incroyants, les blasphémateurs, voire même les apostats pour leur retour à la bergerie.

Dans cette histoire du Salut, le cas des Juifs est particulièrement grave. Non seulement ils ont rater le train en ne reconnaissant pas que Jésus était le Messie que les textes du Premier testament annonçaient (eh oui ! ce n’était pas évident pour ses contemporains, voire même pour ses propres disciples *), mais ils ont mis en croix un homme pour un prétexte des plus futiles (il n’était pas un zélote criminel !) et qui, en plus, devint Dieu une centaine d’année plus tard (ce qui n’était pas prévu au début !). Donc grave inattention et erreur d’analyse (confinant à l’aveuglément !) + collaboration honteuse avec l’occupant romain + mise à mort d’un innocent + déicide (de leur propre Dieu !).

* il leur a fallut la découverte du tombeau vide comme nous l’avons expliqué dans notre série " Que s’est-il donc passé de la Pâque à la Pentecôte ", rubrique " le temps des évangiles ".

Si bien que les pieux catholiques n'ont pas manqué, au cours des siècles, de prier pour eux, parfois entre deux pogroms ou entre deux bûchers des bibles hébraïques et des Talmud.

Voilà ce que cela donna, sur recommandation du Concile de Trente (1545-1563) :  la prière pour la conversion des Juifs "qui fait partie de la prière universelle du Vendredi saint.

Prions aussi pour les juifs perfides (Oremus et pro perfidis Judaeis) afin que Dieu Notre Seigneur retire le voile qui couvre leurs cœurs et qu’eux aussi reconnaissent Jésus , Christ, Notre-Seigneur [….] Dieu Tout-Puissant et éternel, qui n’exclut pas même la  perfidie juive de la miséricorde, exauce nos prières que nous te présentons pour l’aveuglement de ce peuple afin qu’ayant reconnu la lumière de ta vérité qui est le Christ, ils sortent de leurs ténèbres. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur, etc.… ".

Cette formulation faisait manifestement tâche après la Shoa. Le bon pape Jean XXIII fit ôter, en 1959, les mots " perfide " et " perfidie ".

En 1970, par le rite dit de " Paul VI ", qui s’inscrit  dans la droite ligne de la déclaration conciliaire de Nostra Aetate (octobre 1965) sur les religions non-chrétiennes, ce pape reformula la prière.

Prions pour les Juifs à qui Dieu a parlé en premier : qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité à son Alliance […] Dieu éternel et tout-puissant, toi qui a choisi Abraham et sa descendance pour en faire les fils de ta promesse, conduis à la plénitude de la rédemption le premier peuple de l’Alliance, comme ton Eglise t’en supplie. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. ".

C’est déjà mieux ... bien que les Juifs demandent tout simplement
qu’on leur foute la paix.

Mais notre Benoît XVI - aux petits pas réactionnaires et aux grandes gaffes - a voulu faire plaisir aux lefèvristes repentants qui sont revenus dans sa bergerie. Le 7 juillet 2007, il ressort des oubliettes ce vieux rite tridentin au bénéfice des intégristes catholiques – qui retrouvent ainsi leur messe en latin – et, pour le passage délicat en question, l’amende tout récemment (par décret papal du mercredi 6 février 2008, au tout début du Carême) de la façon suivante  :

Prions aussi pour les Juifs. Que notre Dieu et Seigneur illumine leurs cœurs pour qu’ils reconnaissent Jésus-Christ comme sauveur de tous les hommes […] Dieu éternel et tout-puissant, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, accorde dans ta bonté que la plénitude des nations étant entrés dans ton Eglise, tout Israël soit sauvé. Par le Christ notre Seigneur "

Bref, qu’on se le dise, les Juifs sont à sauver (malgré eux-mêmes) et à convertir. Bigre !

Certes, c’est à l’usage des seuls amateurs du latin du concile de Trente ; les autres catholiques continuant ave la formule de Paul VI, mais cela fait tâche sur le plan théologique et dans les relations avec les Juifs. La Commission internationale de Nous sommes aussi l’Eglise (NSAE) a réagi contre ce texte " benoîtin ", ce 7 avril 2008, en stigmatisant son mépris vis-à-vis du peuple juif.

Nous remercions Lucienne Gouguenheim (NSAE France) de nous avoir transmis ce communiqué.

Pour connaître le point de vue des Juifs, lire " Tensions entre l’Eglise de Rome et la communauté juive ", par Sophie Castella, article du 6 février 2008 mis en ligne le site israélien francophone de Guysen International News.

Voir notre article précédent du 5 mars 08 "
Et si l’œcuménisme concernait aussi les Juifs ? " qui se fait l'écho de cet article.

A quand la prochaine gaffe de Benoît XVI ?


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5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 11:22
En décrétant que chaque communauté locale était une Eglise (locale), le protestantisme a-t-il ouvert la boîte de pandore ? Chacun y va de sa différence théologique (pour le protestantisme historique) ou de sa vision reçue bien sûr de Dieu (pour les charismatiques, les prophétiques et les pentecôtistes) pour fonder une nouvelle Eglise, " son " Eglise.

Certes " ekklesia " en grec veut bien dire que chaque assemblée locale, en tant que communauté qui se réunit régulièrement et est apte à prendre ses propres décisions, fasse " Eglise ". De là à ouvrir une nouvelle boutique avec une nouvelle enseigne, il y a un pas.


Que signifierait par exemple, pour des chrétiens unitariens, de lancer une " Eglise unitarienne de France " dès lors que l’Eglise réformée de France (ERF) les accepte dans ses rangs, y compris des pasteurs de sympathie ou de conviction unitarienne. Nous l’avons dit sans détour dans notre dernier bulletin de la Correspondance unitarienneQuelle unité pour les unitariens ? ", n° 76, février 2008 (mis en ligne sur notre site documentaire La Besace des unitariens ).


Une nouvelle Eglise suppose qu’il y ait suffisamment de points de désaccord théologique pour la justifier (Martin Luther lui-même voulait réformer l’Eglise et non point la quitter), qu’elle repose sur un nombre conséquent de fidèles, plusieurs lieux de culte, des élites suffisamment formées, qu’elle puisse tenir des synodes réguliers et publics, qu’elle jouisse d’une cohabitation au moins minimale, de type démocratique où l’on s’accepte par courtoisie entre autorités religieuses voisines vivant sur un même territoire, etc.


grenouille-petite--gros-boeuf.jpgla grenouille et le boeuf, fable de La Fontaine


Il y a bien d’autres façons de " faire Eglise " sans se lancer dans des ecclésioles, comme le feraient les grenouilles qui veulent devenir de la taille des bœufs : de simples communautés de base, un réseau de personnes de même conviction, une association loi 1901, une congrégation religieuse loi 1905, un centre culturel, une mission, etc.

Cette modestie institutionnelle, loin des vanités ecclésiastiques des gourous, éviterait à la fois le ridicule et les heurts liés au prosélytisme.


Pourquoi par exemple établir une nouvelle Eglise dans les pays où est déjà implantée, d’une façon historique et traditionnelle, une communauté chrétienne.


Si des missions catholiques peuvent être fort estimées pour leur aide culturelle et caritative, par contre l’affirmation d’une hiérarchie catholique en pays orthodoxes ou coptes est choquante. En France, les orthodoxes tiennent compte de cette situation et s’abstiennent de tout prosélytisme, leurs lieux de culte ne réunissant strictement que leurs fidèles immigrés et quelques nouveaux amis, sans plus. Cette présence est agréable et hautement appréciée. Elle participe à une interconnaissance, à un enrichissement mutuel.

Le prosélytisme religieux entre chrétiens, au nom de la liberté de pensée - qui, dans ce cas, a bon dos - est en contradiction flagrante avec l’œcuménisme. L’impérialisme catholique et les démarchages intempestifs des nouveaux mouvements protestants de la mouvance pentecôtiste dans des pays " sensibles ", comme le sont entre autres les pays musulmans, posent effectivement problème.


Cela vaut pour les chrétiens unitariens, dans notre propre camp.


L’ajout d’une nouvelle Eglise implique d’abord une insertion locale suffisante, de bonnes relations avec les autres chrétiens, une reconnaissance mutuelle avec les autres communautés. Ouvrir sa boutique en décrétant que les autres chrétiens sont dans l’erreur, à côté de la plaque ou encore sous l’emprise de Satan, n’est pas du tout une façon appropriée … Sachons être présents, faire entendre notre voix, prôner le pluralisme théologique, mais au moyen d’institutions appropriées.


Et puis, rappelons que l’évangélisation des autres passe par notre propre témoignage, par notre sagesse, et non par le militantisme exacerbé.


Et puis, la tradition unitarienne sait encourager chacun dans sa propre voie philosophique, spirituelle et religieuse, chrétienne ou non, dès lors qu’il l’a choisie, qu’il la réfléchit avec exigence et qu’il la vit avec bon sens et altruisme.


Il ne s’agit donc plus de se convertir mutuellement, mais de s’entraider mutuellement en respectant les croyances des autres dès lors qu’elles constituent des apports positifs au sein d’une démocratie.

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5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 09:43
La division des chrétiens est largement surfaite. Notre message précédent montre bien que les théologiens catholiques et protestants se sont, depuis plusieurs années déjà, mis d’accord en constatant que les différences existantes n’empêchent nullement l’inter communion et la reconnaissance mutuelle des baptêmes. Il en va de même avec les orthodoxes.


Les négociations théologiques ont déjà été faites, le dégel est réalisé, les exégètes et traducteurs de bible travaillent ensemble, les fidèles aspirent au dépassement des querelles anciennes (auxquelles ils n’y comprennent d’ailleurs rien), les autorités religieuses se rencontrent et se congratulent. Il ne s’agit donc plus d’un face à face qui s’éterniserait en pourparlers, en commissions, en compromis.


Alors de quoi s’agit-il ? que reste-t-il comme obstacle à franchir ?


Eh bien tout simplement l’entêtement d’une partie dominante de l’Eglise catholique romaine qui, nonobstant ses théologiens, crosse les prêtres qui osent co-célébrer des eucharisties / cènes avec des pasteurs (ce qui est parfaitement admis en privé avec accord de l’évêque local, mais condamné en public ! Ô hypocrisie du Droit Canon !), redit (bêtement) que les autres – à savoir les " séparées " - ne sont pas des Eglises mais seulement des communautés (car il y en n’a une seule Eglise ! la ECR * bien entendu) à qui il manque un je ne sais pas quoi d’excellence (ce serait le monopole de l’ERC !), maintient la fiction thomiste d’une transformation réelle / magique des espèces, etc.
 
* ECR Eglise catholique romaine, dite Eglise tout court par certains historiens ou journalistes qui oublient allègrement les autres Eglises. Rappelons qu'il existe des Eglises catholiques qui ne se réfèrent plus à Rome.


On est en plein délire … catholique qui n’engage, précisons le, qu’une partie de la hiérarchie bcbg. Il s’agit d’un combat d’arrière garde, tout à fait caractéristique des rigidités institutionnelles, des géants au pied d’argile qui ne savent pas s’adapter et se condamnent ainsi d’eux-mêmes, de l’existence d’élites réactionnaires dont les victoires ne peuvent être que temporaires et occasionnelles, à la Pyrrhus.

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Les Réformes du XVI° siècle européen ont constitué, pour le christianisme dans son ensemble (et pas seulement pour les protestants), un progrès remarquable par un retour direct aux Ecritures et leur meilleure connaissance, par des traductions de la Bible basées sur l’hébreux et le grec, par une réflexion sur le rôle de l’Eglise, celui des ministres, sur la signification spirituelle de la Cène, par l’accent mis sur la responsabilité pleine et entière des communautés de base, chacune participant à l’Eglise universelle, etc. Ces progrès furent partagés par les " humanistes " de ce siècle qu’ils soient restés catholiques (comme Erasme) ou qu’ils aient choisi l’une des voies protestantes.


Aujourd’hui, un grand nombre de catholiques, clercs et laïcs, rejoignent tout à fait cette avancée du christianisme : réforme ecclésiale du diocèse de Poitiers par Mgr Albert Rouet, réflexion des dominicains néerlandais sur le ministère et la présidence des assemblées eucharistiques, célébrations libres effectuées en France par la Fédération des réseaux des Parvis, etc.


Nous avons salué ici cette mobilisation de catholiques (à l’encontre d’une partie de leur hiérarchie), voir notre rubrique " catholiques libres en action ". Les chrétiens unitariens ont lancé un appel au travail en commun avec ceux-ci (au-delà d’une simple bonne cohabitation), bien que notre tradition soit d’origine " protestante " (voir notre article à la Une " Faut-il frayer avec les catholiques ? ", Correspondance unitarienne, n° 57, juillet 2006).


Jusqu’à quand certains cadres réac de l’ECR, dans la cour vaticane de Benoît XVI et avec celui-ci, continueront-ils à mener la danse envers et contre leur propre peuple ? 


A la grande honte des catholiques qui souhaiteraient assurément plus d’intelligence de la part des voix " officielles " qui les représentent, qui sont gênés lors des rencontres dites " œcuméniques ", à qui on fait croire qu’il y a encore des difficultés, des obstacles et que le Saint-Esprit a encore besoin de souffler très très fort ...

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28 février 2008 4 28 /02 /février /2008 19:40
undefinedDes théologiens catholiques et protestants en France et en Allemagne, des centres œcuméniques de Strasbourg (d’obédience luthérienne), Tübingen (catholique) et de Bensheim (luthérienne et réformée), ont publié en 2003, onze thèses sur l’hospitalité eucharistique, fruit d’un long dialogue amical. Leurs travaux ont été publiés, dont une version française parue aux éditions catholiques Academic Press Fribourg sous le titre " Le partage eucharistique entre les Eglises est possible, thèses sur l’hospitalité eucharistique ".


Voici ces 11 thèses :

1 – Ce qu’il faut justifier ce n’est pas l’admission des chrétiens baptisés au partage de l’eucharistie, mais l’interdiction d’y participer.

2 – La communauté œcuménique vécue localement et l’absence de communion eucharistique se contredisent. Il en résulte un affaiblissement du témoignage confié aux Eglises et un préjudice manifeste pour leur crédibilité face aux défis de la société.

3 – Dans de nombreux cas exceptionnels la participation commune à la cène est déjà admise aujourd’hui pour des individus *
* ndlr : par exemple pour ceux qui sont engagés dans le dialogue œcuménique et pour des célébrations qui restent en cercle intime (accord donné par les évêques).

4 – le baptême est le portail d’accès à la communion ecclésiale, au corps du Christ qui se trouve reconstitué lors de chque célébration de la cène.

5 – C’est Jésus-Christ qui invite à la cène. Il est à la fois celui qui donne et celui qui se donne. C’est uniuqement en son nom et en vertu de la mission qu’il délivre que l’Eglise exprime cette invitation. Cette dernière n’est pas adressée indistinctement, mais doit être en conformité à la volonté du Christ.

6 – La communion eucharistique [ndlr : qui est universelle] a une portée plus vaste que la communion ecclésiale [ndlr : celle-ci étant locale].

7 – Comme communauté, l’Eglise vit en annonçant la parole, en célébrant le culte et en se mettant au service du monde. Ce sont ces engagements concrets ainsi qu’une interprétation fondamentale commune, et non pas la réalisation de formes déterminées qu’elle prend dans l’histoire, qui sont la base de la communion ecclésiale.


Les quatre thèses suivantes sont le prolongement de la thèse n° 7

8 – L’accord dans la foi : la variété des conceptions relatives au témoignages des Eglises et des interprétations officielles de la foi commune en Jésus-Christ comme salut apporté au monde ne sont pas nécessairement une cause de rupture entre ces Eglises.

9 – Une convergence dans l’interprétation de la cène : les dialogues œcuméniques ont abouti à un ample consensus dans les sujets traditionnellement controversés à propos de l’interprétation donnée à la cène. C’est pourquoi les différences persistant aujourd’hui ne sont pas un obstacle à une célébration commune.

10 – Une convergence dans la compréhension du ministère : en dépit d’oppositions encore subsistantes dans la question du ministère, un rapprochement a été réalisé aujourd’hui sur l’essentiel, qui permettrait l’hospitalité œcuménique.

11 – L’accord dans le service du monde : la diaconie, la communion et la cène se renforcent mutuellement.

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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 19:27

Ce dimanche 29 avril à Magdebourg, lors d’une cérémonie présentée comme " œcuménique ", des Églises chrétiennes d’Allemagne ont signé une reconnaissance mutuelle de leur sacrement du baptême. Il s’agit de :

  baptist--re----Bayonne.jpg L’Église catholique romaine, l’Église évangélique en Allemagne (protestants luthériens), l’Église évangélique réformée de Basse-Saxe (protestants calvinistes), l’Église évangélique méthodiste, l’Église évangélique luthérienne autonome, la Communauté anglicane-épiscopale en Allemagne, l’Église orthodoxe russe en Allemagne, l’Église éthiopienne orthodoxe, l’Église arménienne apostolique orthodoxe en Allemagne, l’Église des frères moraves, la communauté de Herrnhut (réformés hussites), la Église vieille-catholique en Allemagne.

  Nous avons le plaisir d’y lire le nom de la communauté des Frères moraves de Herrnhut que nous avons récemment citée dans un message sur le site de l’AFCU à propos de l’histoire des hussites " L’Eglise hussite ou la résurgence d’une histoire nationale " (message du 20 avril 07, rubrique " Relations extérieures ").

  Saint François Xavier (1506-1552), jésuite espagnol, évangélisateur de la Chine et du Japon. Vu sur le site du diocèse catholique de Bayonne.

  Certes, les choses avancent comme on dit et on ne peut que s’en réjouir, mais en y regardant de près, on peut penser que nous sommes encore bien loin de la fraternité entre l’ensemble des chrétiens. J’ai modifié l’information qui disait " Les Eglises d’Allemagne", puisqu’il y a des absentes. Les Mennonites ont envoyé un message d’amitié mais se sont abstenus car ils pratiquent le baptême d’adulte. Et puis, l’Eglise unitarienne de Berlin, pourtant bien chrétienne, n’a pas été invitée à l'agape. Il faut dire que les Eglises "d’accord entre elles" ont décidé que le baptême signifiait que Jésus était notre Sauveur. Or, les unitariens ne souscrivent pas à cette interprétation rédemptrice, liée à la Chute originelle qui n’a rien du tout d’historique.

  L’Unitarischen Kirche in Berlin (UkiB) fut fondée en 1948 par le pasteur Hansgeorg Remus (1908-1983). Le pasteur Martin Schröder lui a succédé. Son site est en lien réciproque avec celui de l'AFCU.

  Mais pourquoi diable vouloir à tout prix faire de la théologie ! Nous faisons le baptême d’abord pour reproduire le geste de Jésus qui se fit baptiser dans le Jourdain par Jean-le-baptiste, geste qui fut repris par la Tradition chrétienne comme marque d’entrée dans la communauté. Laissons ensuite à chacun le soin d’en rajouter s’il le veut, mais cela doit être optionnel et non pas obligatoire.

Et puis pourquoi faire un club d’Eglises bien pensantes, excluant certaines au nom d’une théologie majoritaire ? La farce est que certains observateurs clament d’emblée à l’œcuménisme dès lors qu’il y a plusieurs Eglises qui se congratulent. Bonjour le copinage !

Les unitariens font moins de chichi : ils acceptent tout simplement ce que d’autres ont fait au nom de Jésus. Au XVI° siècle, Faust Socin garda ainsi son baptême catholique et ne fut donc pas accepté comme fidèle au sein de la Petite Eglise des frères polonais dont il était pourtant le conseiller en théologie !

Beaucoup deviennent unitariens par conviction, au terme d’une évolution religieuse et spirituelle. Il ne leur est nullement demander de renier leurs origines, leurs cultures, leur parcours personnel, ni même leur appartenance ecclésiale actuelle s’ils se sentent bien au sein de leur communauté.

C’est mépriser les autres chrétiens que de penser que ce qu’ils font n’est pas valable aux yeux de Dieu et ne fait pas sens. Sachons respecter notre diversité en toute démocratie ! Et pour parodier une parole de Jésus, soit disant au bénéfice de Pierre : ne délions pas ce qui a déjà été lié sous le regard de Dieu.

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