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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 03:40

un bilan par Marc Favreau


 « Une dynamique synodale s’est installée en France », entretien de Marc Favreau * recueilli par Céline Hoyeau, publié le 15 juin 2010 par le quotidien La Croix (lien )
http://www.la-croix.com/-Une-dynamique-synodale-s-est-installee-en-France-/article/2429205/4078#
* Marc Favreau, ancien responsable de la communication du diocèse d’Orléans, aujourd’hui observateur attentif sur Internet de la réalité ecclésiale, et auteur du blog Niobium ( lien) a recueilli les actes synodaux de tous les diocèses et constitué une carte de la France des synodes.


Jusqu’en 1983, les synodes diocésains ne réunissaient que des ministres ordonnés ; le Code de droit canonique les ouvre désormais aux laïcs. Rappelons que, dans un synode, tous les membres, prêtres et laïcs, ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Chacun possède une voix pour le vote.


Au total, une cinquantaine de synodes se sont tenus en France selon cette nouvelle version. Il a fallu un certain temps pour que la nouvelle ecclésiologie de communion apportée par Vatican II prenne peu à peu sa place : les premiers synodes eurent lieu à partir de 1985, mais surtout dans les années 1990 et on reste encore très loin de leur généralisation. Un tiers des diocèses n’a jamais organisé de synode, au moins depuis trente ans ; ce qui ne signifie pas une absence totale de consultation car, à côté des synodes, on trouve en effet, pêle-mêle, des assemblées, démarches, réflexions, forums et même des pèlerinages synodaux.


Les premiers synodes n’ont pas été sans causer des frustrations : le foisonnement des thèmes abordés n’a pas toujours permis d’aboutir à des recommandations précises * ; les résultats sont parfois bien minces (à Orléans, en 1994, le texte final a paru bien court au vu de l’investissement engag ; à Châlons, 2002-2003, ou à Digne, 1992-1994, les Actes ne contenaient aucun décret) ; des actes synodaux sont restés bien vagues, se contentant d’orientations très générales ; les évêques peuvent refuser d’entériner les Actes (comme à Bordeaux en 1993) car les synodes ne sont que consultatifs ; ils sont limités à une réflexion locale et ne doivent pas aborder des questions dogmatiques et de disciplines que le Vatican s’est réservé d’une façon arbitraire (l’accès des divorcés et des remariés à la communion, le célibat des prêtres, l’accès des femmes aux ministères ordonnés, etc.) – dès lors on comprend que la plupart des militants catholiques progressistes et réformateurs n’y participent pas et râlent dans leur coin !
* « À Lyon, par exemple, en 1993, les chantiers du synode avaient trait aussi bien à la solidarité, aux sacrements, à la famille, qu’au partage des responsabilités, un chapitre trop vague où on parle à la fois de réorganisation, de formation, d’œcuménisme, de priorité donnée aux pauvres, de vocations… » (Dominique Barnerias, voir ci-dessous).


A noter que certains évêques peuvent souhaiter une démarche plus légère, en raison du peu de forces vives de leur diocèse ; et aussi plus discrète, les actes synodaux remontant au Vatican, même si cela n’est pas une obligation – ors, ce regard de Rome peut limiter la liberté pastorale. Cela étant, canoniquement parlant, un synode engage l’ensemble du peuple de Dieu, bien au-delà des questions de personnes. Un changement d’évêque ne remettra donc pas en cause les orientations prises.


Dans les années 1980 et 1990, les synodes se concentrent surtout sur des aspects organisationnels : restructuration des paroisses et des doyennés, mise en place des conseils diocésains de pastorale et des équipes d’animation pastorale (EAP)… Certains vont plus loin, avec des lignes directrices très fortes sur la solidarité. Des débats récurrents ont lieu sur l’ordination des hommes mariés et des femmes, la reconnaissance de l’ensemble des ministères, l’accueil des divorcés remariés, mais l’instruction romaine de 1997 sur les synodes diocésains limita les débats aux questions purement locales.


Depuis 2000, les questions portent davantage sur l’annonce de la foi. On voit apparaître les prémices de la grande réforme de la catéchèse. Comment accueillir l’ensemble des familles ? Comment accompagner les catéchumènes ? Comment évangéliser ? Dans les plus récents, l’accent est mis aussi sur l’importance pour les équipes pastorales de se ressourcer spirituellement, de prendre du temps pour soi afin de pouvoir accueillir les autres.


Les Actes sont-ils suivis d’effets ? De nombreux diocèses assurent un suivi très consciencieux de leur mise en œuvre. Sur son site Internet, le diocèse d’Angers permet de suivre l’évolution des différentes étapes post-synodales. À Poitiers, le diocèse accompagne le travail des équipes par des évaluations régulières. Quelques-uns vont beaucoup plus loin, dans la mise en œuvre d’une véritable culture synodale. Avec un rythme soutenu (1990, 1997 et 2005), le diocèse d’Évry a totalement intégré dans sa culture pastorale cette nouvelle manière de porter la responsabilité commune de l’annonce de l’Évangile.


un bilan par Dominique Barnerias


«Une tout autre figure de l’Eglise que celle à laquelle nous étions habitués», entretien de Dominique Barnerias * recueilli par Isabelle de Gaulmyn, publié dans le quaotidien La Croix du 31 mai 2011 (lien) 
* docteur en théologie et curé à Sartrouville, auteur d’une thèse sur l’apport des synodes diocésains à l’évolution actuelle des paroisses qui sera publiée dans les prochains jours (« La Paroisse en mouvement » chez DDB)


Y a-t-il eu des résultats concrets ?


« Oui, à Nice par exemple, le synode achevé en 2009 a permis de mettre en place un certain nombre d’outils pour mieux lire, travailler, partager la lecture de la Bible. Il donne des indications très concrètes. Le diocèse de Séez a permis une nouvelle compréhension de la paroisse : on est passé d’une vie paroissiale centrée sur la messe du dimanche et le clocher, à la triple mission : annoncer, célébrer, servir. Plus généralement, de nombreux synodes accompagnent les remodelages paroissiaux et créent de nouvelles structures diocésaines. Ce qui est voté par un synode et promulgué par l’évêque a, dans un diocèse, une forte légitimité, car il est le fruit d’une large consultation, par rapport à une décision qui serait prise par l’évêque seul. De plus, l’événement synodal lui-même donne de l’élan à un diocèse. »


Un élan nouveau ?


« Les synodes ont fait évoluer les mentalités. D’abord en obligeant à voir la mission de l’Église au-delà des paroisses et en forgeant une conscience diocésaine. Plus largement, on a sollicité les chrétiens en leur demandant leur avis. C’est vraiment un processus de discernement diocésain où le plus grand nombre est associé. Même si les résultats ne sont pas toujours mesurables, cela met les catholiques dans une dynamique de projet : il faut sortir de ce que l’on a toujours fait… Il ne s’agit pas d’un parlement, mais d’une démarche commune de prière et de discussion, visant à aboutir à un consensus, avec la règle des 2/3, nécessaire pour qu’une décision soit votée. Cette articulation débat-spiritualité est rare dans l’Église, où généralement les deux temps sont séparés."


un bilan par Arnaud Join Lambert


Arnaud Join-Lambert, théologien de l’université de Louvain, a fait le calcul : environ un million de catholiques français auraient participé à une consultation synodale depuis 1983 ! Et 12 000 personnes auraient été déléguées, pour voter propositions et décrets synodaux… Bref, une « révolution synodale », directement issue du concile, qui pourrait bien se révéler à terme aussi importante pour l’Église catholique que le changement liturgique.

 

l’exemple du diocèse de Versaille


« Les synodes ouvrent l’Eglise au débat démocratique », par Isabelle de Gaulmyn, publié dans le quotidien La Croix du 31 mai 2011 (lien)
 
 Les-synodes-ouvrent-l-Eglise-au-debat-democratique_article_.jpg

 

Le diocèse de Versailles ouvre jeudi 2 juin son assemblée synodale : 317 délégués laïcs vont se prononcer sur l’avenir de leur diocèse. La consultation préalable a rencontré un succès inattendu, avec 24 000 participants et 3 141 propositions concrètes *. Les délégués vont délibérer durant 3 jours. Quatre mois de débats préalables ont été résumés dans un « cahier synodal », d’une quarantaine de pages, sur lequel les délégués devront se prononcer. Des textes du Magistère sont proposés en annexe. Les thèmes retenus sont débattus en commission. Le synode visant à dégager un consensus, les votes se font avec la règle des deux tiers, et non une majorité.
* forte demande de solidarité, de proximité, d’attention aux diverses souffrances, et notamment celles vécues au travail. Tout comme une attention à la situation des divorcés remariés et à la place des femmes. Exigence, aussi, d’un langage plus accessible, de liturgies plus accueillantes, en revanche, la question de la messe dans forme ancienne (dite « extraordinaire ») occupe moins de 1 % des propositions…


Photo : La cathédrale Saint-Louis aux couleurs du synode du diocèse de Versailles au moment de son ouverture, le 12 septembre 2010.


« Certes, le diocèse des Yvelines, avec Versailles et Saint-Germain-en-Laye, est l’une des zones françaises où la pratique est la plus élevée. Mais c’est précisément en raison de cette « richesse » en prêtres et en fidèles que l’on aurait pu s’attendre à une attitude « consommatrice » des fidèles. Or, les catholiques des Yvelines ont massivement manifesté qu’ils souhaitaient prendre en main l’avenir de leur Église.


Ils sont à l’image de l’Église de France, qui, depuis vingt ans, s’est emparée de l’outil synodal, avec une vigueur sans équivalent dans d’autres pays. Un appétit pour cet outil de démocratie participative, que l’on ne retrouve – dans une moindre mesure – qu’en Italie et aux États-Unis. Certaines Églises, en Irlande ou en Belgique, n’en ont même jamais organisé ".

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