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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 04:49

jose_comblin.jpgExtrait de l’exposé « Église : crise et espérance » fait par José Comblin, théologien âgé alors de 87 ans et résidant au Paraíba (Brésil), dans le cadre du congrès de théologie organisé à l’occasion du 30  anniversaire de l’assassinat de Monseigneur Romero *. C’était le 18 mars 2010 à l’Université centroaméricaine José Simeón Cañas (UCA), dans la capitale de la République d’El Salvador, San Salvador. 

* voir notre article du 29 avril 2011 « Le Pape blanc (Jean-Paul II) et le Saint rouge (Mgr Oscar Romero) » ( lien).


L’enregistrement audio de cet exposé a été transcrit par Enrique A. Orellana F. et diffusé d’abord dans les « Cuadernos Opción por los pobres », du mouvement chilien Théologies de la libération. Le texte a été mis en ligne le 7 octobre 2010 par la revue Dial - Diffusion de l’information sur l’Amérique latine. Fondée en 1971 par une équipe réunie autour de Charles Antoine, cette revue met à la disposition d’un public francophone des articles sur l’Amérique latine écrits par des Latino-Américains. Elle paraît en ligne depuis novembre 2006 ( lien)
  
Biographie :

 

Joseph Comblin, plus connu sous le nom de Padre José Comblin est né en 1923 à Bruxelles et est mort le 27 mars 2011 à Simões Filho, dans la région de Bahia au Brésil). Ordonné prêtre en 1947, il est diplômé en théologie à l'Université catholique de Louvain et est envoyé comme missionnaire au Brésil en 1958. Il commence à enseigner la chimie et la physique, puis il devient assistant à la JOC. De 1962 à 1965, il est au Chili, puis il retourne ensuite au Brésil, à l’Institut de théologie de Recife, à l'invitation de Dom Helder Camara. Missionnaire naturalisé brésilien, il fut l’une des grandes figures du christianisme d’Amérique latine (voir sa biographie dans l’encyclopédie Wikipedia,  lien).

Ses derniers livres traduits en français  :
 

« Vatican en panne d'Evangile : l'Eglise des pauvres, est-ce pour demain ? », traduit du portugais par Hervé Camier, éd. L'Harmattan , Paris, collection "Questions contemporaines", paru en février 2004.
« Où en est la théologie de la libération ? L’Eglise catholique et les mirages du néolibéralisme », aux éditions l’Harmattan, en juin 2003.

 

Un nouveau franciscanisme latino-américain


" En Amérique latine quelque chose est apparu : nous avons connu un nouveau franciscanisme, c’est-à-dire une nouvelle étape, mais radicale, de vie évangélique. Quand situer sa naissance ? J’ai parlé des évêques qui y ont participé, qui ont animé Medellín et de l’option pour les pauvres : ce sont les Saints Pères de l’Amérique latine. S’il faut dater l’origine du nouvel évangélisme de l’Église latino-américaine, je dirais – n’oubliez pas – le 16 novembre 1965. Ce jour là, dans une catacombe de Rome, 40 évêques, en majorité latino-américains, sous l’impulsion de Helder Camara, se sont réunis et ont signé ce qui s’est appelé le « Pacte des catacombes ». Ils s’y engageaient à vivre dans la pauvreté qu’il s’agisse de nourriture, de transport, de logement. Ils s’engagent ; ils ne disent pas ce qu’il faut faire, ils s’engagent et effectivement par la suite, ils l’ont fait, une fois de retour dans leurs diocèses. Et aussi : à donner la priorité à ce qui concerne les pauvres dans toutes leurs activités, ce qui revenait à laisser beaucoup de choses de côté pour se consacrer en priorité aux pauvres, soit tout un ensemble d’éléments qui vont dans ce sens. Voici ceux qui furent les animateurs de la Conférence de Medellín. Là est née la nouvelle étape.


Ils bénéficièrent d’un contexte favorable : à cette époque l’Esprit Saint avait inspiré nombre de personnalités évangéliques. Les communautés ecclésiales de base avaient déjà fait leur apparition. Il y avait déjà des religieuses intégrées aux communautés populaires. Mais peu nombreuses et qui donc se sentaient marginalisées au milieu des autres. Medellín leur a donné une sorte de légitimité et en même temps un plus grand dynamisme et les communautés se sont multipliées. Est-ce que cela a atteint toute l’Église latino-américaine ? Non, bien évidemment. Il s’agit toujours d’une minorité. Un jour, je me souviens, on a demandé au cardinal Paolo Arns – un saint, nous avons eu d’excellentes relations d’amitié –, un journaliste lui avait demandé : « Vous, monsieur le cardinal, ici à São Paulo vous avez bien de la chance, toute l’Église est devenue l’Église des pauvres, les religieuses sont toutes au service des pauvres : quelle merveille ! ». Et là Dom Paolo a répondu : « Eh oui, ici à São Paulo 20% des religieuses sont allées dans les communautés de pauvres ; 80% sont restées chez les riches ». C’était beaucoup. Aujourd’hui il n’y en a pas 20%.


Ce fut une époque de création, une de ces époques comme il s’en produit parfois dans l’histoire marquée par une empathie très grande avec l’Esprit. Il nous revient de vivre cet héritage : c’est un héritage qu’il faut maintenir, conserver précieusement car rien de semblable ne va ressurgir. Parfois on m’interroge : « Pourquoi les évêques ne sont-ils pas comme à cette époque ? ». Parce que cette époque est exceptionnelle ; dans l’histoire de l’Église, c’est une exception : de temps en temps il arrive que l’Esprit Saint envoie des exceptions."

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 12:39

Roger Parmentier, Jésus n'est pas ressuscité mais le roi est nu, la dent d'or n'existe pas, Paris, l’Harmattan, collection Religion, avril 2001, 62 p., 9,50 euros, lien

roger_parmentier_resurrection.jpgAlors que nombre de chrétiens libéraux tournent autour du pot et se contentent de parler de « résurrection spirituelle » ou de réalité spirituelle à propos de la résurrection de Jésus – bien que le débat ne porte pas sur l’avenir post-mortem de l’âme du défunt, mais précisément sur la résurrection physique de Jésus telle qu’elle est affirmée par les évangiles, l’auteur, pasteur de l’Eglise réformée de France à la retraite, ose franchir le Rubicon et parler ouvertement de la mort de Jésus.


« Jésus n'est pas ressuscité. Cette affirmation prodigieuse et invraisemblable conteste une autre affirmation, "Christ est ressuscité", qui nous a été imposée depuis deux mille ans. Si, par exemple, le judaïsme et l'islam ont été combattus, c'est principalement à cause de leur refus de cette doctrine obligatoire. Si l'on enlève ce pilier fondamental, tout le système doctrinal s'effondre. L'originalité du présent exposé est d'être réalisé par quelqu'un dont la vocation de pasteur a été reconnue par son Eglise. Roger Parmentier est le spécialiste des "actualisations" de la Bible. » (présentation du livre par l’éditeur).


" Si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine », disait Paul (1 Co 15:14).


Cela va effectivement à l’encontre du kérygme des premiers chrétiens, mais, pour Roger Parmentier, s’appuyant entre autres sur l’exégèse de François Vouga - À l’aube du christianisme, une surprenante diversité (Ed. du Moulin 1986. 94p.) - ce sont les hellénistes chrétiens, à savoir les judéo-chrétiens de la diaspora, fortement hellénisés – dont Etienne fut un des meneurs - qui, avec l’aide missionnaire de Paul et le succès de ses épîtres, imposèrent finalement leur point de vue au détriment des premiers témoins qui, eux, ne parlaient pas de résurrection et fondaient leur foi sur l’enseignement du Maître.

 

Pour l'instant, peu de chrétiens osent comme Roger Parmentier, affirmer la mort terrestre de Jésus. Roger Parmentier et Roger Gau * pensent que les disciples se sont exaltés et ont été victimes de leur imagination, déniant la réalité et se convainquant d'une résurrection en référence à des textes messianiques. C'est "la rumeur de Jérusalem" dont parle l'évangile du Matthieu grec : selon Mt 28, 11-15, les autorités juives soudoyèrent les soldats " avec une forte somme d'argent " pour que ceux-ci disent que les disciples sont venus dérobés le corps. " Les soldats, ayant pris l'argent, exécutèrent la consigna, et cette fable s'est colportée parmi les Juifs jusqu'à ce jour " (v. 15).  Cette hypothèse fait des disciples des affabulateurs, des menteurs devant l'Histoire.

 

* Roger Gau, " Chrétien unitarien : Jésus n’est pas Dieu, Dieu merci " ( lien).

 

La sincérité et le bon sens des apôtres et des disciples sont au contraire préservés dans les hypothèses avancées par Michel Benoît : ce seraient les esséniens, hommes habillés en blanc que les femmes trouvèrent sur place, qui vinrent chercher le corps (Jésus et ses héritiers ; mensonges et vérités, Paris, Albin Michel, , 2008, 153 p. ; voir aussi son blog, lien) ; et par Jean-Claude Barbier : c'est la famille qui aurait récupéré le corps, d'où la présence de Marie et de Jacques le frère de Jésus à l'évènement de la Pentecôte, alors que cette famille fut absente voire même hostile durant son ministère public (voir la rubrique "le tombeau de Jésus" dans les Etudes unitariennes,  lien).

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 10:26

pour la canonisation de Mgr Oscar Romero d'Amérique, évêque martyr de San Salvador, les foules de toutes les nations convergent vers Rome ... dix ans après la béatification du pape Jean-Paul II qui fut son contemporain et qui ne le soutint pas dans son combat pastoral pour la libération de son peuple.

 

vatican_manifestations.jpeg

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 19:24

oscar_romero_1.jpgOscar Arnulfo Romero Galdámez, né à Ciudad Barrios, dans le Département de San Miguel, au Salvador en août 1917, est ordonné prêtre le 4 avril 1942. Il est nommé évêque suppléant de San Salvador en 1970 ; puis, quatre ans après, il est envoyé comme évêque dans la région cafetière de Santiago de María ; enfin, en 1977, il revient à San Salvador comme archevêque. Il a alors la réputation d’un ecclésiastique studieux et modéré.


Comment est-il devenu un évêque « rouge » ? En mars 1977, son ami, le père Rutilio Grande, est assassiné par la Garde nationale, qui l'avait étiqueté " communiste subversif ". Dans ces dernières années 70, ce sont les prémices d’une guerre civile qui sévira dans son pays pendant plus de douze ans avec des centaines de milliers de morts. Du haut de sa chaire, il dénonce les assassinats et les disparitions de tous ceux qui veulent un monde plus juste, qui dénoncent les abus et s’insurgent contre un gouvernement entièrement au service des riches possédants.


Au printemps 1979, l’évêque, menacé de toutes parts, se rend à Rome, mais « Il ne trouva auprès du pape Jean-Paul II ni écoute, ni soutien. Profondément déçu, il dit : «Je ne pense pas revenir à Rome une deuxième fois. Le pape ne me comprend pas.» Jean-Paul II n’avait pas prêté attention à la photo d’un prêtre indien récemment assassiné, ni aux documents sur la persécution des chrétiens par les sbires des nantis. Au lieu de ça, le pape se contenta de l’exhorter à une coexistence harmonieuse avec le gouvernement salvadorien. »

« Je vivais alors à Managua au Nicaragua (...). Une religieuse me confia qu'elle avait rencontré à Madrid Oscar Romero qui revenait en 1979 d'une visite au Vatican. Il semblait détruit, affligé après l'audience que lui avait accordé le pape, a-t-il dit.
L'archevêque de San Salvador avait confié qu'il ne s'était jamais senti aussi seul qu'après cette rencontre. Il avait toujours été un modéré, mais il était indigné par le fait que les paysans autorisés à prendre possession de terres par la réforme agraire doivent affronter des gens en armes. Il avait mis à leur disposition la radio du diocèse où furent dénoncées des atrocités et violations des droits de l'homme, le meurtre de syndicalistes. Il apporta toute cette documentation au Vatican. Le pape se montra froid, il prit la documentation et la mit de côté en faisant ce commentaire: « j'ai dit mille fois que l'on ne m'apporte pas autant de documents que je ne pourrai lire ». (témoignage du théologien italien, Giovanni Franzoni* dans une interview à l'AFP, reproduit dans Romandie News, lien).

* Le père Franzoni, ancien abbé de la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, fait partie d'un groupe de théologiens entendus lors du procès en béatification de Jean Paul II, qui exposa des arguments contraires à celle-ci.


Non soutenu par sa hiérarchie et ses collègues, l’archevêque devint une proie facile. Le 24 mars 1980, durant l’eucharistie dans la chapelle de l’hôpital de la Divina Providencia, un tueur à gages, commandité par Roberto d'Aubuisson, militaire et leader des escadrons de la mort. le visa en pleine poitrine, devant l'autel où il célébrait.


oscar-romero_icone.jpgEn 1996, Jean-Paul II se rendit sur sa tombe et lui rendit hommage. La même année, un procès de béatification de l’archevêque de San Salvador fut ouvert.


Tout récemment, ce 27 avril 2011, constatant que ce procès est bloqué par le Vatican, des théologiens contestataires ont lancé un appel pour sa relance ; appel signé notamment par l'évêque français Jacques Gaillot et le théologien suisse Hans Küng. Pour la vox populi, l’archevêque martyr est déjà le saint Oscar Romero d’Amérique. Un « Appel œcuménique  à l’occasion du 1er mai 2011 » circule présentement dans divers pays pour « Commémorer la canonisation du martyr Saint Oscar Romero par les pauvres de ce monde » à cette date. Il a été traduit en français et publié dans le bulletin n° 3, avril 2011, de Nous sommes aussi l’Eglise (NSAE). Il a été signé par la Fédération des réseaux du Parvis (dont les chrétiens unitariens sont membres).


Alors, ce 1er mai, qui est la Fête du Travail (et des travailleurs !) dans le monde entier, sera-t-il aussi la date de la béatification contestée * de Jean-Paul II ou bien celle de l’archevêque martyr ? Un face à face post mortem qui ne manquera pas d'inspirer les dramaturges ... et d'interroger les consciences chrétiennes.


* Comment un pape qui a soutenu en Amérique latine les régimes les plus autoritaires et les plus répressifs vis-à-vis des classes populaires, qui a encouragé l’Opus Déï et noyauté le Sacré collège de prélats de cette obédience (lesquels ont élu Benoît XVI comme une lettre à la poste !) (lien), qui a combattu la théologie de la libération et mis à l’écart nombre de théologiens de cette orientation, qui a interdit l’usage du préservatif et l’a répété entre autres aux foules africaines pourtant décimées par le Sida, comment un tel pape peut-il être présenté comme un modèle de sainteté ?

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 19:05

Jesus-qui-accueille.jpgContre les tortures, les maltraitances et les exécutions capitalesl’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) pourrait utilement proposer que le « vendredi saint », le jour terrible où Jésus a été malmené, humilié, crucifié, devienne pour nous le jour solennel de protestations contre les tortures, les humiliations, les exécutions capitales. Il semble évident que cela aurait un grand retentissement et que sur le plan spirituel ce serait une évocation très profonde, nous motivant à la solidarité spirituelle et donc à l’action.

    Roger Parmentier, disciple de Jésus,
    pasteur de l’Eglise réformée,
    Animateur biblique (Actualisations de la Bible)

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 19:04

"Guetteur rebelle", au singulier, pour la référence Internet du site (lien), et cela correspond bien au tempérament, à la vie et aux activités du pasteur Roger Parmentier, avec un élargissement à d’autres puisque le bandeau du site met « guetteurs rebelles » au pluriel !
Le site est très bien fait. En plus d’une profession de foi en accueil, le lecteur trouvera une biographie de l’auteur à la rubrique « ACTUEL » (pour Actualisation de la Bible), (lien)


parmentier.site.jpg

 

Le lecteur trouvera tous les livres, émissions de radio et autres documents que l’auteur laisse pour nous alors qu’il a maintenant plus de 90 ans. Une très belle œuvre dont les Actualités unitariennes se sont souvent faites l’écho (taper Roger Parmentier ou Parmentier dans le moteur de recherche).

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7 août 2010 6 07 /08 /août /2010 18:55

Les appartenances sociales, la défense des intérêts que ce soit les siens ou ceux des autres, les engagements pour des causes, les militances religieuses et/ou politiques, ont tendance à segmenter la société en véritables lobbies, chacun se mobilisant pour « sa » cause qu’il croit bien entendu juste, fondée et supérieure aux autres, à savoir les « bonnes analyses », les "bons choix" et « la bonne cause », les autres choix étant bien entendu diabolisés. La lutte des classes selon la dynamique marxiste en est un parfait exemple. Il en résulte un manque de vue d’ensemble, bref le nez sur le guidon même lorsque le bateau coule avec tout le monde à bord !


On a reproché aux acteurs religieux ce manque total de démocratie, cette arrogance à placer leur Eglise ou religion particulière au-dessus des lois humaines (au nom de leur dieu !). Les partis politiques, qui – sans avoir de programme sur une question donnée – se permettent de critiquer les propositions des autres, si ce n’est de nier carrément les faits – sont aussi de parfaits modèles de pharisianisme. Enfin, voilà que certains humanitaires, monopolisant la générosité, s’estiment devoir faire de la politique.


Or la démocratie c’est d’abord le respect de la pluralité existante au sein de la société, y compris des minorités ; elle requiert du savoir faire dans la connaissance des dossiers car les questions s'avèrent plus complexes qu'une concersation de bistrot ; en négociation afin que chacun s’y retrouve dans un programme ; elle tend au consensus, à défaut à un vote de forte majorité ; elle sait revendiquer les droits mais aussi rappeler les devoirs.

 

Les groupes sociaux, les catégories, les communautés ethniques et autres, les mouvances et courants d’idée doivent à la fois être respectés, écoutés avec attention et conviés à un débat collectif et à un effort de synthèse.


Trop de militants se transforment en lobbymen inconditionnels à la cause et aux personnes dont ils défendent les intérêts : celles-ci n’auraient plus que des droits ! ben, voyons, çà va mieux quand on caresse les gens dans le sens du poil ! Au moins on est bien accueilli parmi eux ; mais cela s’appelle de la démagogie (et parfois, ne soyons pas dupes, de la manipulation et du prosélytisme).


L’Etat providentiel - du moins son modèle français - est entrain de s’écrouler dans l’anomie la plus totale (et donc la zizanie) car les personnes qui émargent aux assistances diverses ne sont nullement tenues d’offrir une contrepartie en intégration sociale, en participation civique, en éducation de leurs enfants, en effort professionnel. Or les excès de mai 68 sont de plus en plus visibles et l’idéologie libertaire a atteint, sinon dépassé ses limites. Ne serait-il pas temps de passer à une démocratie civique et responsable ?


Il arrive que l’opinion publique, par bon sens et surtout plus sensible aux excès, ne suive pas du tout - à tort ou à raison - les associatifs, les élites politiques et les médias à la Une. On s’en étonne alors. Y aurait-il donc chez le brave peuple qu'on invoque tant des éclairs de lucidité qui ne serait pas les mêmes que pour les élites qui donnent habituellement le ton et la mesure ?

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 04:32

michel theron portraitparu dans Golias Hebdo, mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur, lequel est membre du comité de rédaction de cette revue.


Elle est affirmée et vantée dès le début de la Bible. Ainsi dès la Genèse Dieu crée, dans les eaux, les airs, et sur la terre, toute espèce vivante qu’il trouve bonne, bénit et engage à se multiplier : 1/20-25. Aucune exclusive donc, et les écologistes d’aujourd’hui se retrouveraient sans nul doute dans cet accueil de bienvenue, chaleureux et inconditionnel, réservé à tout ce qui vit.


Cependant le malin génie qui me souffle souvent à l’oreille des initiatives incongrues et iconoclastes m’a poussé à ouvrir mon "Rituel romain", en latin, édité à Tournai en 1952. À côté des bénédictions diverses et applicables à tout usage, y compris les plus insolites (bénédiction de navire, de véhicule de toute sorte, y compris de voiture de pompiers, de sismographe destiné à prévenir des tremblements de terre, etc.), j’y ai trouvé des formules de malédiction ou d’exorcisme, destinées à éloigner les « rats, sauterelles de diverses espèces, les vers, et autres animaux nuisibles », qui constituent des « pestes » dévorant les récoltes : p. 626. La demande n’y va pas par quatre chemins : « Où que vous alliez, soyez maudits, diminuez en nombre jusqu’à ce que plus rien ne reste de vous en nul lieu ! » : p. 627.


Nous voilà donc au rebours du « croissez et multipliez-vous » de la Genèse. Un tri est donc fait entre tout ce qui vit, pour séparer ce qui sert l’homme et ce qui, au moins le pense-t-il, lui nuit. Apparemment le Dieu biblique des origines n’avait pas prévu ce scénario.


Gageons que François d’Assise n’aurait pas aimé ces formules anthropocentriques de « déprécation », lui qui écrivit le Cantique des créatures, les unissant toutes dans un commun accueil. Pourquoi ne pas parler à sa suite de « mon frère le pou », et de « ma sœur l’araignée » ? Mais de même qu’à son éloge de la pauvreté nous avons préféré l’activité capitaliste de son père, riche commerçant, de même à la bénédiction de tout ce qui vit nous préférons encore l’anathème et l’hostilité.

 

C’est bien dommage, car, toute question religieuse mise à part, la biodiversité est bénéfique. Les scientifiques qui l’étudient nous montrent bien qu’il suffit de la gérer, que tout sert d’une façon ou d’une autre dans un biotope donné, et que la notion d’espèce nuisible ou de mauvaise herbe est dépourvue de sens.

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 04:20

michel_theron_portrait.jpgparu dans Golias Hebdo, mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur, lequel est membre du comité de rédaction de cette revue


Il a fort mauvaise presse aujourd’hui, où l’on ne parle que de droits, qu’on ne cesse de revendiquer. Pourtant un minimum de réflexion montre que droits et devoirs sont inséparables. Tout rapport entre les hommes repose sur un pacte tacite : tout devoir crée un droit, et tout droit suppose un devoir. On ne peut penser l’un sans l’autre. Est devoir une obligation dont la non-observation lèse l’autre partie entrant dans le contrat.


Les parents ont le devoir de subvenir aux besoins de leurs enfants, jusqu’à ce qu’ils soient en état de se suffire à eux-mêmes. Si par malheur ce moment n’arrive jamais, dans le cas des grands handicapés par exemple, ce devoir ne s’éteint jamais. En contrepartie, les parents ont le droit d’être obéis de leurs enfants. Ces derniers ont de leur côté à la fois le droit d’exiger l’assistance de leurs parents, et le devoir de leur obéir – je ne dis pas de les respecter, car le respect est un sentiment, qui ne se commande pas : on dit très bien : « inspirer le respect ».


Si je suis attaqué par un malfaiteur, j’ai le droit d’exiger du policier qu’il me vienne en aide, et lui a le devoir de le faire. En contrepartie, si je commets une infraction, le policier a le droit de me sanctionner, et j’ai le devoir de me conformer à la sanction.


Aujourd’hui, l’aveuglement ou la superficialité des esprits sont tels que le devoir apparaît souvent comme une limite insupportable, une part de destin à récuser. Voyez aussi ce qui est arrivé à l’ancienne idée de noblesse. Est noble initialement celui qui s’impose un but, plus élevé que ce qu’il est lui-même, par lequel il se sent jugé, parfois condamné. Noble celui qui se donne des devoirs : « Noblesse oblige ». Non pas celui qui se donne ou revendique des droits.

 

Mais une fois oublié le fait que chaque droit est l’envers d’un devoir, on n’a pensé qu’à jouir de ses droits, vus dès lors comme prérogatives ou privilèges sans contrepartie. Toute la tragédie de la noblesse héréditaire est là : la vraie noblesse, disait pourtant Molière dans Dom Juan, ne consiste pas dans le nom que l’on porte, mais dans les actions que l’on fait. Cet oubli, qui a perdu l’ancienne noblesse, ne le fait-on pas encore aujourd’hui ?

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 12:26

" [...] Il y a de plus en plus de catholiques qui n’attendent plus l’autorisation de leur hiérarchie pour exprimer publiquement ce qu’ils pensent être fidèle au projet évangélique de Jésus.


C’est avec la même sérénité que nous poursuivons depuis la Pentecôte 1991 notre travail de Libre pensée chrétienne.  D’éminents théologiens nous éclairent sur le chemin de notre recherche et un des aspects les plus importants de notre entreprise est de mettre leur travail à la portée de ceux et celles qui n’y ont pas accès, pour différentes raisons.


Ainsi, par exemple, des personnes qui fréquentent des musulmans dans la vie quotidienne se trouvent souvent confrontées à la question du monothéisme.  En effet, comment pouvons-nous espérer convaincre ces musulmans - et c’est la même chose pour les juifs – que nous sommes monothéistes si nous continuons à exprimer notre foi dans le langage de la dogmatique trinitaire de Nicée-Constantinople ?


[...] Plus que les musulmans et les juifs, ce sont sans doute les agnostiques et les incroyants qui nous incitent à cet effort d’actualisation du message chrétien dans notre culture contemporaine.  Car toutes les religions sont confrontées au même problème : leurs ‘fondamentalistes’ pensent que, pour être fidèles au message de leur foi, il faut aussi l’exprimer dans les formes ou dans le langage de leurs sources de référence. Autrement dit, ils étendent le caractère sacré de l’expérience mystique de leurs ‘fondateurs’ à ces prophètes ou visionnaires eux-mêmes et à leurs paroles et gestes.  On retrouve ce phénomène de ‘sacralisation’ vis-à-vis des Saintes Ecritures, de la Sainte Tradition, et même de l’institution confessionnelle à laquelle on appartient.  Dans le cas de l’Eglise – non seulement catholique – c’est particulièrement remarquable : notre Mère la Sainte Eglise, Sa Sainteté le Pape, etc…


Finalement, un aspect majeur de l’échec fréquent du dialogue croyants/incroyants réside dans le déplacement des notions de sacré ou de transcendance.


Souvent les religions ont dénié à l’humanité son caractère sacré si elle ne passait pas par les modalités confessionnelles qu’elles avaient absolutisées.  Souvent, encore aujourd’hui, le discours religieux limite le champ de la transcendance aux expériences mystiques du passé qu’il idéalise et sur lesquelles il fonde son autorité.


Voici à ce sujet quelques lignes de Gabriel Ringlet  : "Il faut… que des chrétiens et des laïcs, des croyants, des agnostiques, des athées, osent interroger ensemble le ‘sacré’ qui les réunit, la ‘transfiguration’ qui les dépasse, la ‘transcendance’ qui les habite.  J’ai dit d’entrée de jeu la difficulté d’utiliser ces mots, mais vous en devinez le sens, même en balbutiant.  Comment, en d’autres termes, approcher, chacun à sa manière, chacun selon sa foi, et même pour des motifs différents, l’intériorité de l’homme ?
.


Je suis convaincu que, les uns comme les autres, nous avons avantage à nous rencontrer dans une quête que j’ose appeler spirituelle et qui, loin d’exclure la démarche scientifique et les lumières de la raison, les appelle en renfort.  Serait-ce la ‘spiritualité manquante’ ou ‘authentique’ dont parle Luc Ferry
(L’Homme-Dieu ou le sens de la vie. Paris Grasset 1996). Pour le chrétien, l’enjeu porte évidemment sur la possibilité de concilier ‘libre examen’ et ‘révélation’, car il n’y a pas de demi-libre examen !  Pour le laïc, ce peut être une révolution de ‘réconcilier enfin humanisme et spiritualité, souci de la liberté de conscience et sentiment de la transcendance des valeurs les plus profondes’.  Comme Ferry, je choisis de me tenir à ce point de croisement…" (L’Evangile d’un libre penseur, Albin Michel 1998) 

 

Il est clair que nous sommes ici au cœur de la démarche de Libre pensée chrétienne.


Il a été possible autrefois de penser que les facultés humaines de discernement – souvent limitées dans les termes "l’intelligence" ou "la raison" - devaient s’effacer devant cette faculté dite "surnaturelle" qu’est la foi, chaque fois qu’il s’agissait d’aborder les domaines du mystère ou de la transcendance.


La revendication qui s’exprime de nos jours est en quelque sorte celle de l’abolition des frontières entre des domaines que des hommes ont décrétés sacrés ou profanes, naturels ou surnaturels…


Le côté positif de cette revendication est de sortir de ce que Bernard Feillet appelait "les certitudes simplifiantes du discours", d’oser remettre en question ce que Marcel Légaut appelait "les présupposés philosophiques sur lesquels est construite" la doctrine de nos institutions religieuses. [...]


André VERHEYEN   " Pourquoi Libre pensée chrétienne ? " (sans date, 2004 ?), reproduit dans la revue Libre pensée chrétienne n° 10, avril-mai-juin 2010, dans la rubrique "Le mot d’André …".  Fondé à la Pentecôte 1991, ce mouvement perdura après la mort de son fondateur, le père André Verheyen décédé en 2007 (voir le site de LPC).

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