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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 09:20

Du moins selon une directive du Vatican, adoptée (ensuite) par le synode des évêques. Pour en savoir plus, voir l’article du Zenith, http://zenit.org/article-19201?l=french 

Les plus anciennes traditions bibliques nous lèguent deux noms de Dieu : IHVH (ou YHWH, etc.) et El (et son pluriel de révérence Elohîm). La distinction est nettement faite par les traditions " yahviste " (qui utilise IHVH, le Tétragramme – les 4 lettres du nom de Dieu) et " élohiste " (qui utilise El) qui ont été amalgamées dans le livre de la Genèse. Elle est faite aussi par le Qohelet (l’Ecclésiaste), d’inspiration hellénisante, et qui n’emploie quant à lui que " El ".

"El" est emprunté au panthéon des textes ugaritiques où ce dieu est le créateur du monde. Dans les langues sémites (de la Syrie à Babylone, y compris les Cananéens), il est le nom courant pour désigner un dieu quelconque. Il devient le nom de dieu protecteur pour les monolâtres de son Nom (Hébreux), puis le Dieu unique des monothéistes : El pour les Israélites, Allah plus tard pour les musulmans.

Par distinction, IHVH évoque le dieu particulier qui, selon la tradition biblique, s’est révélé à Moïse sur le mont Sinaï et qui est le protecteur du peuple qu’Il a élu. IHVH est donc le dieu protecteur d’un peuple dans le cadre d’une monolâtrie (celle-ci ne nie pas l’existence d’autres dieux ; chaque peuple a ainsi son dieu ou ses dieux protecteurs). Il faudra toute une évolution pour que ce dieu devienne, dans le cadre d’un monothéisme naissant (voir entre autres le Livre d'Isaïe, ou, plus récent, celui de Jonas), le visage particulier de Dieu (au-dessus de toutes les nations et pas seulement du seul Israël). Nous savons que le christianisme parachèvera cette évolution vers l’universel.

L’hébreu ancien n’écrivant pas les voyelles, la lecture se faisait selon le contexte. Ceci ne causait pas trop de difficulté, mais avec la cléricalisation de la religion hébraïque et sa centralisation à Jérusalem, la prononciation du nom particulier du Dieu d’Israël fut réservée au seul Grand prêtre lors de la fête du Yom Kippur, lorsqu’il entrait seul dans le Saint des Saints. Moyennant quoi, avec la fin du temple de Jérusalem en 80 ap. J.-C., le secret de ce nom fut perdu. Les juifs parlent avec révérence du Nom (HaShem " le Nom ") et assurent que le nom de Dieu est imprononçable.

Nonobstant, lors des lectures publiques, c’est le mot " Adonaï " qui était semble-t-il prononcé, terme commun désignant le patriarche d’une grande famille, un propriétaire de domaine, quelqu’un (éleveur, agriculteur, vigneron, commerçant, etc.) qui a des biens et peut employer à son service, bref un protecteur par excellence pouvant réunir biens et personnes. Adonaï fut traduit en grec par la Septante par " kurios " et Jérôme en fit le " dominus " de la Vulgate, soit le seigneur. Dans la tradition chrétienne, Dieu est donc le Seigneur ; ce qui reste somme toute fidèle à l’image paternelle du Notre Père, l’" Abba " de Jésus.

Mais Jésus est aussi l’ " adonaï " pour ses disciples, leur maître à penser, celui qu’ils suivent. Paul, au début de ses épîtres, prend bien soin de distinguer IHVH et Jésus, notre " adonaï " dit-il - notre seigneur.

A la suite des traducteurs juifs du Moyen Âge (IX°-X° siècles), connus sous le nom de Massorètes, l’usage a été pris d’intercaler entre les consonnes du Tétragramme les voyelles du mot qui servait à sa prononciation lors des lectures publiques, à savoir adonaï. Cela a donné diverses versions telles que Yahwé (forme reprise par la Bible de Jérusalem en 1956), Jéhovah (choix des témoins de Jéhovah qui ont nommé leur mouvement sur ce Nom), etc... C’est ce genre de transcription dont l’Eglise catholique ne veut plus.

Laissera-t-on au moins, par écrit, la distinction entre Seigneur avec un grand " S " (Dieu) et seigneur avec un petit " s " pour Jésus ? Oralement, c’est en tout cas la grande confusion car les fidèles ne savent plus si on leur parle de Dieu ou de Jésus : mais peu importe puisque les trinitaires pensent que Jésus est Dieu et vice-versa !

Les unitariens, qui affirment l'unicité de Dieu, se veulent fidèles quant à eux aux expressions du Nouveau Testament où la distinction est toujours faite entre Dieu (IHVH ou El) et Jésus (" notre seigneur "). Pour cela, nous conseillons la traduction de la Bible par André Chouraqui qui reproduit les noms de Dieu tels qu'ils ont été effectivement utilisés dans chaque livre de la Bible. Pour IHVH – et pour la lecture publique – cette traduction ajoute au dessous " adonaï " ; on pourrait tout aussi bien écrire : IHVH (Seigneur).

Inscription du Tétragramme sur un verre de kiddouch (lequel fut utilisé pour le partage du pain et du vin lors de l'assemblée générale tenue par l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens, le dimanche 6 mars 2006 à Paris).

Pour en savoir plus, voir le livre de Didier Fontaine paru en juin 2007, Le Nom divin dans le Nouveau testament, Paris, aux éditions L’Harmattan, 356 p. (préface de Gérard Gertoux, " Religions et spiritualités ", prix 30,5 euros), dont nous avons rendu compte dans notre message du 22 juin 07. http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-10984645.html 

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